A minha costela Francófona não tem deixado de me importunar depois da Injunção com que acabei o Post anterior...
O qual, devo confessar, tem uns grãzinhos de imaginação em redor do verdadeiro acontecimento, já que me competia , naquele dia, animar a malta. Nada que o velho Eça não fizesse "estendendo o manto diaphano da phantasia" por cima da realidade.
Mas adiante. Para pedir desculpa a esse meu lado Francês e Burguês, sob pena de ainda me impedirem a entrada no sempre excelente L'Ardoise em Paris, aqui fica poema na língua de Carlos Magno . Uma maravilha de um Poeta gaulês imortal: Jacques Prévert.
LE DÉSESPOIR EST ASSIS SUR UN BANC
Dans un square sur un banc
Il y a un homme qui vous appelle quand on passe
Il a des binocles un vieux costume gris
Il fume un petit ninas il est assis
Et il vous appelle quand on passe
Ou simplement il vous fait signe
Il ne faut pas le regarder
Il ne faut pas l'écouter
Il faut passer
Faire comme si on ne le voyait pas
Comme si on ne l'entendait pas
Il faut passer et presser le pas
Si vous le regardez
Si vous l'écoutez
Il vous fait signe et rien personne
Ne peut vous empêcher d'aller vous asseoir près de lui
Alors il vous regarde et sourit
Et vous souffrez attrocement
Et l'homme continue de sourire
Et vous souriez du même sourire
Exactement
Plus vous souriez plus vous souffrez
Atrocement
Plus vous souffrez plus vous souriez
Irrémédiablement
Et vous restez là
Assis figé
Souriant sur le banc
Des enfants jouent tout près de vous
Des passants passent
Tranquillement
Des oiseaux s'envolent
Quittant un arbre
Pour un autre
Et vous restez là
Sur le banc
Et vous savez vous savez
Que jamais plus vous ne jouerez
Comme ces enfants
Vous savez que jamais plus vous ne passerez
Tranquillement
Comme ces passants
Que jamais plus vous ne vous envolerez
Quittant un arbre pour un autre
Comme ces oiseaux.
Jacques PRÉVERT, Paroles (1945)
©1972 Editions Gallimard
Biografia de Jacques Prévert, por cortesia de Xtream-online
Né avec le siècle à Neuilly-sur-Seine, dans un milieu de petits bourgeois trop dévots, dont il ne cessera de moquer les obsessions et les convenances, Jacques Prévert sera l'aîné des trois enfants qu'auront Suzanne Catusse et André Prévert. Il se passionera dès son plus jeune âge pour la lecture et le spectacle. A 15 ans, après son certificat d'études, il entreprend des petits boulots.
Incorporé en 1920, il rejoint son régiment. Là, il forme un trio d'amis avec "Roro", un garçon boucher d'Orléans, et Yves Tanguy qui sera envoyé peu après en Tunisie. Prévert, quant à lui partira pour Istanbul où il fera la connaissance de Marcel Duhamel. De retour à Paris en 1922, Jacques s'établira au 54, rue du Château qui sera bientôt le point de rencontre du mouvement surréaliste auquel participent Desnos, Malkine, Aragon, Leiris, Artaud sans oublier le chef de file André Breton. Prévert finira par prendre position contre l'autoritarisme du "Maître". Un peu plus tard, il prendra ses distances avec le Parti communiste auquel il n'adhérera jamais.
Sa vie durant, il défendra les faibles, les opprimés, les victimes, avec une générosité bourrue mais toujours discrète. Avec Prévert, un univers à part se crée fuyant l'ordre voulu par Dieu et les "contre-amiraux" (l'une des nombreuses figures sociales qu'il tournait en dérision).
En 1933, le groupe de théâtre "Octobre" dont il fait parti, prend part à l'Olympiade du théâtre de Moscou obtenant un premier prix qui ne sera jamais remis...Depuis lontemps Prévert écrit, participant à des créations collectives, mais de plus en plus, souvent avec son frère Pierre, il produit les scénarios de quelques-uns des sommets poétiques du cinéma français: "Le crime de Monsieur Lange" (1935) pour Jean Renoir, "Quai des brumes" (1935), "Drôle de drame" (1937), " Le jour se lève" (1939), "Les visiteurs du soir" (1941), "Les enfants du paradis" (1944), "Les portes de la nuit" (1946), tous pour Marcel Carné. Enfin, "La bergère et le ramoneur" (1953) sera repris par Paul Grimault pour donner naissance, en 1979, à un dessin animé absolument fantastique intitulé "Le roi et l'oiseau". Ses textes suscitent l'image et ses dialogues sont époustouflants de naturel, de justesse et d'humour.
Rayé des contrôles de l'armée en 1939, il quitte Paris l'année suivante et descend vers le sud s'établissant à la Tourette- sur-Loup, où Joseph Kosma, le photographe Trauner et bien d'autres encore le rejoignent pour travailler à des réalisations de films.
Jacques Prévert écrit aussi de fabuleux poèmes en prose qu'il donne à son ami Kosma qui les met en musique pour Agnès Capri, Marianne Oswald, Juliette Gréco, les "Frères Jacques" ou encore Yves Montand pour ne citer que les plus célèbres. Les "Paroles" de Prévert seront réunies pour la première fois en 1945 par René Bertelé. Bien que certains libraires avaient prophétisés que "ça intéressent que quelques jeunes gens de Saint-Germain-des-Prés", l'ouvrage est accueilli comme une immense bouffée d'oxygène dans le climat littéraire d'après la libération et est réédité à 5000 exemplaires dans la semaine suivant le jour de sa publication.
La deuxième guerre mondiale finie, Prévert revient à Paris. Ses poèmes sont sur toutes les lèvres ou dans le pli d'un collage, avec un parfum de bonheur nostalgique et de liberté retrouvée. Prévert restera toute sa vie d'un antimilitarisme à toute épreuve et son pacifisme ne souffrira aucun compromis.
Jacques Prévert s'éteindra auprès de sa femme Janine en 1977 à Omonville la petite.
Curieusement, c'est ce révolté qui avait en sainte horreur les institutions que la république des lettres allait couronner en baptisant de son nom quelques collèges et lycées et en le faisant entrer, à partir de 1992, dans l'illustre collection -sur papier bible!- de la Pléiade.
Jacques Prévert devenu un classique? On a du mal à s'y faire.
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